La guerre a repris à Alep.
Des bombardements, avec leur lot de victimes, les destructions, dont celle d’un hôpital...
Dans les guerres c’est ainsi. Il peut y avoir des trêves, mais suivies de reprises des hostilités, avant peut-être une nouvelle trêve... On dit mener des négociations de paix (à Genève de préférence), mais sans empêcher la poursuite des affrontements sur le terrain, pour marquer des points, déplacer les lignes, et développer la propagande quant aux responsabilités de tous ces drames.
C’est bien une guerre qui ravage la Syrie.
Avec des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et d’exilés, des villes détruites, des trésors culturels millénaires pillés et dispersés...
Une guerre sale qui voient se multiplier les crimes de guerre : la destruction systématique des infrastructures qui permettent la vie quotidienne : les centres de santé, les écoles, les boulangeries, les installations électriques et d’approvisionnement en eau ; les sièges des villes visant à affamer les habitants. Toutes ces atrocités qui visent les gens vivant dans les zones rebelles pour les convaincre qu’une seule alternative s’offre à eux : partir ou mourir.
Une guerre très sale même, entachée de crimes contre l’humanité, documentés par les commissions de l’ONU et d’experts indépendants : ces dizaines de milliers d’individus incarcérés dans un secret total, systématiquement torturés et exterminés...
Mais, nous dit-on, y a-t-il des guerre propres ?
Ce qu’il y a de terrible avec la guerre, c’est qu’on s’y accoutume. Surtout lorsqu’on l’observe à distance, sur nos écrans, dans le pages de nos journaux. Quant aux attentats terroristes et ces vagues de migrants, qui nous touchent directement et nous inquiètent, est-ce davantage que des dommages collatéraux de la catastrophe qui détruit la Syrie ? De ce infernal chaos où s’entremêlent de multiples interventions étrangères, on craint surtout qu’il alimente le monstre Daech.
Oui, cette guerre nous aveugle. Au point d’occulter la seule question qui vaille : Qui la mène, cette guerre ?
Ainsi on peut détourner les yeux de ce régime dictatorial qui, depuis des décennies, de ce pays et de son peuple a fait sa proie. Et qui, pour ne pas être dégagé par la vague des révolutions arabes exigeant justice et liberté, déchaîne toute cette sauvagerie militaire.
Du coup, celle-ci, faut-il l’appeler guerre, si ce mot est prétexte à banaliser cette barbarie d’État, à faire oublier un effroi qui se devrait être universel ? S’il en vient à excuser ceux qui, tels les gouvernements russe et iranien, le Hezbollah, sont en première ligne dans le massacre du peuple syrien. S’il autorise à juger tolérable le grand silence complice des régimes occidentaux, dont le gouvernement français, qui prétendent combattre Daech, et pour tout le reste laisse faire... Laissant le peuple syrien condamné à une effroyable solitude.